Bruxelles, 3 octobre -- De nouveaux éléments de la supernote de Bart De Wever, rejetée en août par les partenaires de la coalition Arizona, ont fuité. Parmi ceux-ci, on retrouve de nombreuses modifications au régime des retraites sur lesquelles les partenaires étaient d'accord. Mais encore une fois, pas de réforme d'ampleur en vue.
L’article de la FGTB sur la note des présidents de partis, De Wever et Bouchez (note DWB), concernant les réformes des pensions, soulève des points cruciaux pour l’avenir de notre système de retraite. Parmi les propositions de la note, l'une des plus marquantes est l'instauration d'une pension minimale conditionnée par une carrière effective de 35 ans, une hausse significative par rapport aux 20 années actuelles, bien que des périodes de transition et des exceptions soient envisagées.
Note : Attention, 20 années de travail effectives ne vous permettent pas d’accéder à la pension minimum. Vous n'aurez accès à une fraction du montant de la pension minimum qu'à partir de 30 années de carrière, soit minimum 30/45èmes (66%) de la pension minimum, qui est actuellement (pour un salarié/indépendant, au taux isolé, au 03/10/2024) de 1 773,35 EUR mensuels bruts, soit 1184,82€/mois bruts. Pour les autres montants, veuillez consulter cet article du SPF Pensions. Vous n'avez pas 30 années de carrière ? Vous devez alors demander la garantie de revenu aux personnes âgées (GRAPA), qui est assortie d'obligations.
Nous pensons que la mesure proposée est excessive et risque de pénaliser gravement les personnes ayant travaillé à temps partiel ou celles ayant une carrière hachée. En effet, nous serions d’avis que la condition actuelle de 20 années soit maintenue de manière stricte, sans exceptions ni période de transition. Cette prolongation à 35 ans de carrière effective sera particulièrement dure et excluante pour les personnes aux parcours professionnels non linéaires.
Concernant la retraite anticipée, chacune de vos années de carrière devrait désormais comporter au moins 156 jours (contre 104 auparavant) pour être validées. Dans les nouveautés proposées par la note DWB, une pénalité de 5 % par année d’anticipation serait prévue si une personne n’a pas accumulé 35 années de carrière effective. Ce type de malus rappelle ce qui se pratiquait auparavant, comme l’a vécu notre directeur lorsqu'il a commencé à travailler chez Fediplus en 1998 : la pension anticipée était possible à partir de 60 ans avec seulement 28 années de carrière (effective ou assimilée), mais avec un malus identique de 5 %.
Aujourd'hui, il faut 44 années pour prétendre à une pension anticipée à 60 ans, et cela sans pénalité. Si la proposition DWB est appliquée, les conditions seraient encore plus dures : une retraite à 60 ans nécessiterait à la fois 44 années de carrière à 156 jours dont 35 années de carrière effective, avec en prime une réduction de 25 à 35 % de la pension (suivant l’âge légal 65 ans, 66 ans ou 67 ans). Ce serait une régression inquiétante pour beaucoup de travailleurs.
D’un autre côté, nous pourrions soutenir la proposition de supprimer les régimes de chômage avec complément d’entreprise (RCC), ceux-ci étant devenus de moins en moins utilisés. Cependant, à l’instar de la FGTB, nous reconnaissons l’importance d’un régime spécifique pour les métiers pénibles. Actuellement, seul le RCC le propose. Nous insistons également sur une action forte et globale du gouvernement pour lutter contre l'âgisme : trop de travailleurs sont confrontés à une discrimination éprouvante lorsqu'il s'agit de retrouver un travail après 50 ans.
Enfin, en ce qui concerne les fonctionnaires, il serait logique, pour l’équité entre tous les travailleurs, de supprimer la péréquation de leur pension. De plus, il serait plus juste de calculer la pension des fonctionnaires sur l’ensemble de leur carrière, plutôt que sur les 10 dernières années comme c’est le cas actuellement. Une autre mesure essentielle pour rendre le système plus durable serait de réduire l’indexation des pensions supérieures à 2.250 € nets, qui ne devraient bénéficier que d’une indexation partielle.
Ces propositions, bien que certaines soient nécessaires pour assurer la pérennité du système, doivent être examinées à travers le prisme de l’équité pour l’ensemble des travailleurs.
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