En septembre 2024, le gouvernement finlandais lançait une réforme majeure du système de pensions professionnelles. Le Premier ministre Petteri Orpo confiait alors aux partenaires sociaux et aux ministères des Finances et des Affaires sociales la mission d’identifier des mesures permettant d’économiser un milliard d’euros, soit 0,4 % du PIB, afin d’assurer la pérennité du système.

Quatre mois plus tard, fin janvier 2025, un accord a finalement été trouvé. S’il reste en deçà des craintes exprimées à l’automne, il acte néanmoins des modifications importantes, notamment dans la gestion des investissements des fonds de pension et dans le fonctionnement du stabilisateur automatique.

Un mécanisme de stabilisation sous tension

Dès le début des négociations, l’Alliance finlandaise des pensions (Tela) a exprimé de vives inquiétudes quant aux ajustements envisagés du stabilisateur automatique, qui ajuste déjà les cotisations et prestations de retraite en fonction de l’évolution démographique et économique. L’idée d’un renforcement de ce mécanisme, évoquée dans le mandat du groupe de travail, faisait craindre une réduction des indexations des pensions ou une diminution des droits accumulés.

« Il s’agit d’un changement majeur dans le principe même de la sécurité des pensions finlandaises », alertait en septembre Suvi-Anne Siimes, directrice générale de Tela. Selon cette dernière, la pension professionnelle est historiquement calculée en fonction des revenus gagnés et protégée contre l’inflation. De son point de vue, modifier davantage le stabilisateur automatique, c’est prendre le risque de transférer l’effort budgétaire sur les retraités et les travailleurs. 

Finalement, les mesures adoptées en janvier 2025 prévoient des ajustements plus progressifs qu’anticipé. Plutôt qu’une simple réduction des indexations ou une hausse unilatérale des cotisations, l’accord inclut un renforcement des incitants à la prolongation des carrières et une modulation plus fine des ajustements en fonction de la conjoncture. Les avertissements de Suvi-Anne Siimes ont donc été écoutés.

Le pari d’un meilleur rendement des investissements

Au fil des discussions, une autre piste est apparue pour renforcer la stabilité du système : la réforme des règles d’investissement des assureurs pension. L’accord final prévoit une augmentation modérée de la part des actions dans les portefeuilles des fonds de pension.

Une nouvelle bien accueillie par les compagnies d’assurance pension. « Le plus important élément de cette réforme concerne la gestion des actifs », explique Carl Pettersson, PDG d’Elo Mutual Pension Insurance Company. « À l’avenir, nous aurons la possibilité de viser des rendements plus élevés, ce qui assurera une meilleure solidité financière du système à long terme. »

Toutefois, cette stratégie n’offre pas de solution immédiate aux défis de financement. « Ce sont des ajustements modestes, qui donneront des résultats sur le long terme », tempère Suvi-Anne Siimes. « Mais ils offrent de nouveaux outils pour améliorer la rentabilité sans sacrifier la sécurité des pensions. »

Un compromis qui ne met pas fin aux débats

Si l’accord trouvé fin janvier permet d’éviter une réforme trop brutale, il ne met pas fin aux interrogations sur la pérennité du modèle finlandais. L’introduction d’un troisième ajustement automatique, l’« inflation stabiliser », représente un changement fondamental dans la manière dont les pensions sont protégées contre la hausse des prix.

En filigrane, une question demeure : ces mesures suffiront-elles à garantir l’équilibre du système face aux évolutions démographiques et économiques des prochaines décennies ?