Jean-Pascal Beaufret, ancien haut fonctionnaire et expert financier, a mené une analyse approfondie du financement des retraites en France. Son travail, publié par Fondapol, vise à clarifier l'impact réel du système des retraites sur les finances publiques et à proposer des recommandations pour une meilleure transparence comptable. Contrairement aux chiffres officiels qui laissent croire à un solde équilibré, il montre que les retraites restent un facteur majeur du déficit public.
Contrairement à certaines publications officielles, Beaufret met en évidence que le système des retraites représente une charge bien plus lourde pour les finances publiques qu'il n'y paraît. En 2023, il a nécessité 389 milliards d'euros pour son fonctionnement. Or, seuls 256 milliards d'euros provenaient des cotisations sociales, soit 64 % des ressources du système. Le reste (131 milliards d'euros) a dû être comblé par des ressources publiques supplémentaires :
Ainsi, ce financement public représente plus de 20 % des recettes fiscales nettes de l'ensemble des administrations en 2023.
Le Conseil d'orientation des retraites (COR) a publié en juin 2024 un solde excédentaire de 3,8 milliards d'euros pour 2023. Beaufret critique cette présentation qu'il juge trompeuse. Il souligne que le système de comptabilisation des différents comptes (ceux de l'État, des comptes sociaux et des comptes de la nation) empêche d'identifier clairement la part des retraites dans le déficit public. En réalité, les retraites contribuent fortement à ce déficit :
Beaufret préconise une refonte de la présentation comptable des retraites afin d'améliorer la transparence et de permettre un débat public plus éclairé. Il propose notamment de reclasser les ressources en fonction de leur origine (cotisations, impôts, subventions) et de clarifier la part des retraites dans le déficit global. Selon lui, cette transparence est essentielle pour une meilleure prise de décision en matière de politique sociale et budgétaire.