La Belgique vient d'écrire une nouvelle page de son histoire sociale. Depuis le 1er décembre 2024, les travailleurs et travailleuses du sexe peuvent désormais bénéficier d'un contrat de travail, leur ouvrant les portes d'un système de protection sociale longtemps inaccessible. Cette avancée inédite en Europe positionne la Belgique en pionnière, offrant un nouveau paradigme pour envisager les droits des personnes dans des secteurs souvent marginalisés.
Jusqu'à présent, ces personnes évoluaient dans une zone grise, leur activité étant tolérée mais non reconnue. La nouvelle loi change radicalement la donne en leur accordant les mêmes droits fondamentaux que tout autre salarié : accès à la sécurité sociale, conditions de travail décentes, liberté de refuser des prestations. En substance, elle reconnaît leur dignité professionnelle et leur permet de bénéficier d'une protection sociale comp
L'intégration dans le système de sécurité sociale offre désormais des perspectives de retraite bien plus sécurisantes, tant pour les personnes salariées que pour celles exerçant à titre indépendant.
Pour les salariés, chaque période d'activité permettra de capitaliser des jours de cotisation, selon les mêmes principes que pour les autres professions. Les cotisations seront calculées sur la base du salaire déclaré, ouvrant droit à une pension calculée selon les règles de droit commun. Nos experts recommandent vivement de souscrire à une assurance-groupe, à hauteur de 3% minimum du salaire brut, voire 5 à 6% idéalement. Cette souscription est habituellement réalisée par l’employeur, mais peut également, dans le cas contraire, être réalisée par le salarié (bien que ce soit souvent moins intéressant).
Les personnes indépendantes, confrontées historiquement à des pensions plus précaires – en moyenne 900 euros par mois selon Securex – bénéficient de plusieurs options de pension complémentaire.
Trois formules principales s'offrent aux travailleurs et travailleuses du sexe indépendants : la Pension Libre Complémentaire pour Indépendants (PLCI), l'Engagement Individuel de Pension (EIP) et la Convention de Pension pour Travailleur Indépendant (CPTI).
La PLCI, ouverte à ces personnes exerçant à titre principal ou complémentaire, permet de verser jusqu'à 8,17% des revenus nets imposables, avec un plafond de 3.965,77 euros en 2024. Une version sociale de la PLCI autorise même des versements jusqu'à 9,4%. Lors de votre retraite, elle vous offre un complément de pension mensuel. Bien évidemment, le plus tôt reste le mieux, pour maximiser l’effet “boule de neige” des intérêts composés.
L'EIP, quant à lui, concerne spécifiquement celles et ceux ayant créé une société, offrant des versements de pension via l'entreprise avec un avantage fiscal significatif. La CPTI représente une option complémentaire pour les personnes ayant atteint le plafond de la PLCI, avec une réduction d'impôts de 30%.
Au-delà des pensions, ces dispositifs incluent souvent des protections essentielles : couverture en cas d'incapacité de travail, indemnités d'invalidité et protection financière en cas de décès.
Malgré ces avancées significatives, des difficultés persistent. L'application effective de la loi sur le terrain, l'inclusion des personnes sans papiers et la nécessaire formation sur ces nouveaux mécanismes de pension représentent autant d'obstacles à surmonter.
La Belgique inaugure un modèle social novateur, reconnaissant la dignité professionnelle des travailleurs et travailleuses du sexe. Cette réforme ne constitue pas qu'une reconnaissance symbolique, mais construit un véritable parcours de protection et de perspective professionnelle.
Un signal fort est envoyé, susceptible d'inspirer d'autres pays à repenser la protection sociale des professions marginalisées. La route est encore longue, mais un pas décisif vient d'être franchi vers plus d'inclusivité et de respect.
Note : Fediplus ne prend pas position sur le débat éthique et moral lié à ces questions, car nous ne disposons pas des outils pour le faire. Il s'agit simplement ici d'aborder la question sous l'angle des pensions.